Blazer sombre, chemise bleu ciel, l’homme âgé de 56 ans, jugé mardi au tribunal correctionnel de Saint-Brieuc, ne ressemble pas tout à fait au prévenu lambda. L’affaire non plus n’est pas commune. Pharmacien biologiste de formation et gérant de trois laboratoires d’analyse médicale dans le Nord-Bretagne, l’homme est accusé de harcèlement sexuel sur huit jeunes salariées. Présenté comme compétent, intelligent, instruit, il est aussi soupçonné d’avoir fait jouer sa supériorité hiérarchique pour arriver à ses fins.
Huit plaintes
Les faits s’échelonnent sur trois ans, de février2009 à février2012, jusqu’à ce que huit plaintes soient déposées en janvier. Depuis des années, ce responsable est connu pour ses mains baladeuses et ses relations proches, voire malsaines, avec le personnel féminin. Il proposait aussi à ses salariées d’aller faire du shopping ou des balades sur son bateau, évoquant parfois la possibilité d’une évolution professionnelle ou d’une meilleure rémunération. Les victimes, salariées des laboratoires, décrivent toutes à peu près le même comportement et les mêmes agissements de la part de leur patron, le même impact psychologique et la même dégradation des conditions de travail pour elles.
Peur de « perdre son emploi »
Plusieurs ont été en arrêt de travail. Une ancienne salariée, interrogée pendant l’instruction, confirme avoir quitté le laboratoire en raison du comportement de cet homme. L’une des victimes, fragilisée par un drame familial récent, évoque « des attouchements sur les seins, sous le pull ». Elle lui reproche de l’avoir « prise sur ses genoux » et l’accuse de l’avoir embrassée.
Huit mois de prison avec sursis requis
« J’ai eu la faiblesse de me laisser aller à ce geste », concède le biologiste en justifiant par un excès d’empathie, un besoin d’être aimé. « Mais à ce moment-là, je pensais que nos relations étaient consenties ». Ce que dément fermement la jeune femme. Les victimes, de leur côté, expliquent leur silence et leurs réactions timides par « lapeur de perdre leur emploi ». Le substitut du procureur a requis huit mois de prison avec sursis, 5.000 EUR d’amende, l’interdiction de réintégrer l’entreprise et l’inscription aux fichiers des délinquants sexuels. L’affaire a été mise en délibéré. Décision le 31 mai.
Par Goulven Connan