Pascal Vincent, l’ex-directeur de cabinet de l’ancien maire de Bruges Bernard Seurot a parfois été considéré comme l’artificier de l’affaire qui a ébranlé la commune de la périphérie bordelaise à la fin de l’été 2010. Un tsunami au sein de la droite girondine qui a conduit au placement en garde à vue puis à la mise en examen pour corruption passive de l’ancien édile.
Le 8 septembre 2010, lorsque 18 élus frondeurs (dont une adjointe du maire) menacent de démissioner et de transmettre à la justice un dossier à charge pour malversations financières contre le maire, s’il ne quitte pas ses fonctions, certains observateurs et surtout Bernard Seurot lui-même ont cru voir la main du jeune directeur de cabinet derrière ce coup de théâtre.
Pascal Vincent sera licencié par le maire le 29 septembre. Bernard Seurot ne fera pas mystère des raisons de cette décision scellant le sort de son directeur de cabinet. Il l’accusera notamment de manquement à l’obligation de loyauté.
Pas sûr que le résultat de la procédure administrative par laquelle l’ancien directeur de cabinet contestait son licenciement suffise à éclairer totalement la nature du différent qui opposait les deux hommes. Si le tribunal a confirmé la faute lourde, déboutant le requérant de ses demandes d’indemnités, il n’a pas confirmé le manquement à l’obligation de loyauté. « La commune n’établit pas que M. Vincent aurait pris une part active dans la scission du groupe majoritaire du conseil municipal » indique le tribunal dans son jugement.
« Je sers de contre-feu »
Par contre, la justice administrative a estimé qu’une faute légitimant un licenciement était caractérisée sur deux autres plans. D’abord, « un usage abusif des moyens de communication téléphonique et informatique mis à sa disposition, à l’origine de surconsommations d’un montant d’environ 2 800 euros ». Mais surtout, il a retenu que « le requérant n’a cessé, tout au long des années 2006 et 2007, d’envoyer des SMS, à toute heure du jour et de la nuit, sur le téléphone portable d’un des membres du cabinet du maire placé sous son autorité. L’importance, aussi bien que la répétition et la teneur de ces messages, révèle l’existence de pratiques de harcèlement sexuel ». Précisons que ce jugement ne vaut pas condamnation pénale pour ces faits et que du reste aucune plainte n’avait été déposée. En 2008, une médiation demandée par le maire avait même conclu à un retour à l’apaisement au sein du service. « Il s’agit d’une validation juridictionnelle importante pour l’agent qui a beaucoup souffert de cette situation », précise Me Cazcarra, l’avocat de la commune.
De son côté, Pascal Vincent annonce son intention de faire appel. « Je suis pris au piège. C’est une affaire qui a été classée sans suite par le maire lui-même il y a quatre ans. Pourquoi l’avoir ressortie au moment précis où le scandale politico-financier éclatait ? », s’interroge Pascal Vincent. Selon lui, « ces SMS sont inappropriés, mais ils s’insèrent dans une relation entre potes, ils ont été complètement sortis de leur contexte. Comme on m’a confisqué mon téléphone lors de mon licenciement, je n’ai même pas pu produire les réponses aux SMS pour prouver la réalité de nos relations ».
Et Pascal Vincent de poursuivre : « Je ne souhaitais pas le faire, mais en appel, je produirais des documents attestant que nous avions habituellement des conversations sur le ton potache et rien d’autre. » À l’évidence, l’ancien proche de Bernard Seurot n’entend pas infléchir sa position. « J’ai alerté le maire sur les problèmes que pouvaient poser sa chasse en avril 2010. Il dit que c’est moi qui ai manigancé la fronde, c’est faux. Je sers de contre-feu dans cette histoire ». La cour d’appel tranchera.
Sollicité, l’avocat de Bernard Seurot n’a pas donné suite.
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