L’inventaire des articles dans la presse CFDT sur cette période est sans équivoque : « Les femmes toujours victimes de la pauvreté et de la violence » (2000) ; « Violences conjugales : un problème de santé publique » (2000) ; « Violences : les mots et les chiffres pour le dire » (2001 : référence à l’enquête ENVEFF) ; « Violences conjugales : le rapport qui débusque un des tabous de la société française » (2002) ; « Nigéria : Safiya doit être sauvée de la lapidation » (2002) ; « Les femmes des quartiers marchent pour leur droit » (2003) ; « Ni putes ni soumises, une nouvelle campagne pour l’égalité » (2004) ; - aucun article sur les violences en 2005 - « Violences faites aux femmes : le combat syndical espagnol » (2006).
En 2006, Laurence Laigo devient membre de la commission exécutive de la CFDT avec notamment en charge le dossier femmes. Il lui semble primordial de travailler en commun avec des associations féministes de quartiers, de s’investir dans la lutte contre les violences conjugales ou exercées contre les femmes dans les quartiers. Cette orientation répond à une logique : les violences, hors cadre du travail, créent une inégalité professionnelle. La nouvelle secrétaire nationale a d’ailleurs essayé d’aborder le thème des violences sexistes dans la cadre de la conférence sur l’égalité entre hommes et femmes de novembre 2007, comme le montre cet extrait de son audition le 24 juillet 2007 .
“(...) Le dernier point sur lequel la CFDT est demandeuse, et elle est la seule, est celui des violences sexistes. Elle souhaite qu’un travail global soit effectué au cours de cette conférence considérant que les textes français sont intéressants, mais très éparpillés. Le principe de la loi cadre espagnole lui semble une bonne façon de réactualiser certains textes et de mieux les articuler en permettant un vrai débat sur le sujet. (...)"
Mais la délégation aux droits des femmes de l’assemblée nationale, par la voix de sa présidente Marie-Jo Zimmermann, ne l’entendait pas ainsi : “Marie-Jo Zimmermann, présidente, a demandé en quoi cette question entrait dans le cadre des discussions de la conférence sur l’égalité professionnelle. (...) Elle s’est étonnée que la CFDT souhaite intégrer ce sujet dans la conférence. La question est d’ailleurs tellement importante qu’il ne faudrait pas l’introduire dans une conférence qui vise d’autres priorités.”
La lecture de l’audition de Maryse Jaspard le 3 mars 2009 (dans le cadre de Mission d’évaluation de la politique de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes )nous éclaire un peu sur le lien que la CFDT fait entre l’égalité professionnelle et la violence : "De plus, s’il est à présent admis, avec quelques réserves, que la violence conjugale existe dans tous les milieux, on sait aussi que le chômage est un facteur aggravant. La proportion de violences conjugales s’accroît quand la femme est au chômage, elle augmente quand l’homme est au chômage, et d’un cran supplémentaire si les deux membres du couple sont chômeurs. Le lien entre violence à l’encontre des femmes et relégation sociale est patent. On peut donc penser que, puisque la crise va s’approfondir, les femmes vont subir encore davantage de violences."
En outre, la Maitre de conférence déclare "Ainsi, le harcèlement sexuel au travail est toujours fort. De plus, une femme victime de violences conjugales subira plus souvent qu’un autre harcèlement au travail et violence de rue, car la vulnérabilité crée la vulnérabilité. Pour éviter que ne se cumulent différentes sortes de violences, il faut commencer par lutter contre la violence intrafamiliale."
C’est pourquoi la CFDT continue à revendiquer aujourd’hui un travail sur les violences dans le cadre d’un travail sur l’égalité professionnelle.