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04/2012 Femmes du Liban : Non au harcèlement

Femmes du Liban : Non au harcèlementLes propos sur le harcèlement que les femmes libanaises subissent ne circulent que dans des cercles restreints, entre amis, ce qui suscite chez elles courroux et tristesse ; et cela reste à l’état de secret qu’elles n’osent divulguer de peur d’être discriminées.

Ces harcèlements, qui sont le lot quotidien des Libanaises, ne consistent pas uniquement en des regards vicieux qui s’abattent sur leurs corps comme des fouets lorsqu’elles passent dans les rues, ils continuent de les poursuivent dans tous les lieux qu’elles fréquentent, accompagnés par des insinuations et des insanités. Parfois même cela revêt un aspect autrement plus grave quand elles sont victimes d’attouchements. D’aucuns trouveront normal que la femme, puisqu’elle est objet de désir, puisse être l’objet de harcèlement sexuel. De toute évidence, ces personnes ne se représentent pas ce véritable calvaire enduré par la grande majorité des Libanaises. Partant du droit de la femme à une vie normale au sein d’une société qui la protège du harcèlement, et vu que ce phénomène a atteint des proportions alarmantes, une initiative pour contrecarrer le harcèlement s’imposait depuis longtemps. Le harcèlement reflète le regard réducteur porté sur la femme considéré uniquement comme un être sexuel. Il révèle aussi les problèmes sociaux que vivent les jeunes, tels que la frustration et un penchant « viril » envers la violence sexuelle, ainsi que l’absence des freins sociaux et d’une législation à même de protéger les femmes qui doivent affronter diverses situations de harcèlement sexuel. Cette triste réalité est due, en fin de compte, à l’inexistence d’une conscience sociale permettant d’affronter le harcèlement. Cinq jeunes filles ont pris l’initiative de lancer une campagne de lutte contre le harcèlement sexuel. Elles ont mis en œuvre ce projet sous le titre de « Les aventures de Salwa ».

Salwa est un personnage de dessins animés, à l’écoute des secrets des femmes, elle a recueilli leurs déboires et a décidé d’en parler. Elle a réuni leurs histoires sous forme de bandes dessinées qui relatent les problèmes qu’elles rencontrent dans la rue, en taxi : http/www.youtube.com/=6V9n Dans les salles de cinéma : http/www.youtube.com/=SAZ2I Sur les lieux de travail : http/www.youtube.com/=g4Vk

Le comportement de Salwa devant le harcèlement se distingue par le fait qu’elle ne passe pas outre mais réplique à l’aide de son sac rouge qu’elle inflige à tout malfrat qui ose la toucher. Ce sac visible dans toutes les vidéos représente la force de la jeune fille, sa volonté d’en finir avec l’attouchement et l’« attoucheur », et par conséquent de s’attaquer à tout tabou social qui la confine dans le silence par crainte d’être admonestée. Le nom choisi n’est pas dû au hasard. Selon l’activiste Farah Qubeissi, le nom de Salwa a été choisi pour son caractère neutre qui ne représente aucune confession ni communauté, tout en étant représentatif de toutes les classes sociales.

Cette campagne, appelée « Aventures de Salwa » a comporté, à côté des histoires relatées, des rencontres périodiques entre les femmes ainsi que nombre de conférences dans différentes universités où elles ont parlé de leurs expériences et des moyens susceptibles de neutraliser ce comportement. La façon de dépasser ces incidents et de surmonter les retombées psychologiques et physiques qu’il pourrait occasionner ont été prie en compte. Salwa a pu s’imposer à la société en encourageant les femmes à l’imiter et à parler de ce qu’elles vivaient. Elle a utilisé medias disponibles : journaux, revues, télévision ainsi que Facebook, les blogs, Youtube, bref tout ce qui lui a permis de divulguer une culture de la prise de conscience du harcèlement sexuel.

Salwa met à la disposition des victimes du harcèlement sexuel un numéro de téléphone : 0096176676368. Le groupe de travail qui reçoit les messages a suivi des cycles de formation dans le domaine de la lutte contre le harcèlement ; il intervient pour conseiller les victimes et leur donner les directives adéquates en les dirigeant vers des avocats et des psychologues.

Cette campagne, qui a débuté depuis un an et demi, possède un site électronique www.adventuresofsalwa.com et une page Facebook : www.facebook.com/salwa.aventures. D’autre part, un opuscule a été réalisé ; il comporte des conseils aux jeunes filles victimes de harcèlement ou de viol ainsi que des instructions concernant la façon de déposer une plainte au Ministère public.

En l’absence d’une juridiction punissant le harcèlement, Salwa a présenté différentes requêtes visant à adopter un texte législatif qui prévoit la protection de la femme contre la violence au sein de lafamille, la législation en vigueur ne reconnaît pas le délit de viol de la femme par son mari même s’il lui cause des préjudices psychiques et moraux. Salwa réclame aussi la modification de la loi pénale sur le délit de harcèlement. En effet, cette loi acquitte l’agresseur si celui-ci se marie avec la femme agressée « lui permettant ainsi de l’agresser pendant toute sa vie, de façon légale ». C’est ce que déclare Farah Qubeissi qui confirme l’absence de toute loi contre le harcèlement. Pour cette dernière « il faut incriminer légalement le harcèlement sexuel avant qu’il ne devienne un acte de viol en l’absence de législation.

Femmes du Liban : Non au harcèlement

Devant cette carence législative et face à l’accroissement de cas de violence contre les femmes sur leurs lieux de travail, nombre de d’associations féminines, et de campagnes, se sont attelées à exercer une prise de conscience sur la société afin de la pousser à réagir devant ce fléau. L’idée, c’est aussi d’accentuer la pression pour abroger des textes de loi luttant contre la discrimination et réclamant de nouvelles lois protégeant les femmes. Quant à la façon de concrétiser ces revendications, elle apparaît on ne peut plus clairement : Le Liban connaît actuellement un regain de tension. Une des ces manifestations a été organisée sous le mot d’ordre « contre le viol ». Cette marche en réponse à l’appel lancé par Salwa, et d’autres associations féminines, vise à mettre fin à la violence sexuelle, y compris dans la famille.

Selon les déclarations de Farah, cette première manifestation a permis à l’opinion publique de prendre conscience de la question du viol et du harcèlement sexuel. La surprise, c’est cette l’affluence des participants, surtout celle des hommes.

La campagne a débuté selon un plan qui a commencé par l’information autour du harcèlement, ensuite la mobilisation a eu lieu dans les milieux de femmes convaincus de la nécessité de s’attaquer à toutes les formes du harcèlement. La deuxième étape après la mobilisation a été l’élaboration d’un projet de loi interdisant le harcèlement sexuel. Hélas, les revendications de « Salwa » n’ont pas, jusqu’à ce jour, abouti à la promulgation d’un texte clair contraignant le gouvernement à l’appliquer, celui-ci persiste au contraire dans son refus et feint d’ignorer l’existence du problème. Ceci étant, la femme libanaise est connue pour être une combative face à une société qui est bien loin de la gratifier, à travers son gouvernement et ses lois. Devra-t-elle se donner seule les moyens de se protéger et surtout de vivre en toute liberté ?

- Nidhal Ayoub

Voir en ligne : Source : Babalmed.net

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